Sacha, à peine trois mois, déjà un shiatsu reçu

A vrai dire, les animaux et les bébés ont une chose en commun. Ils vous font très vite sentir si ce que vous faites leur fait du bien ou si cela les embêtent. Aucun scrupule ni aucune politesse ne les retiendront.

J’ai accompagné la maman de Sacha avant, pendant et après sa grossesse. Pour des raisons que je ne veux pas évoquer ici, elle n’allaitait pas son bébé. Sacha souffrait de coliques et d’une nervosité que le pédiatre qualifia comme des caprices. J’ai proposé donc à sa maman de donner un shiatsu à Sacha et de lui apprendre quelques gestes pour calmer son enfant.

C’était une expérience extraordinaire qui exigeait de moi un profond centrage. Un bébé ne vous donne pas les indications que vous pouvez observer chez un adulte. Vous ne pouvez pas non plus l’interroger,  juste observer ses gestes, ses grimaces et entendre les sons.
Les premières observations m’amenaient à voir les problèmes intestinaux, beaucoup de gaz qu’il n’arrivait pas à évacuer. J’ai appris à sa maman comment masser le ventre, le dos et le sacrum dans ce cas précis. Les parents ont souvent peur de toucher leurs bébés et le contact se réduit à des câlins (indispensables), mais ils évitent d’avoir un toucher franc et précis. Dans les sociétés traditionnelles, le massage des bébés était transmis de mère en fille et faisait entièrement partie d’un rituel de soin.
Dans mon shiatsu avec Sacha, j’avais l’impression de travailler comme un horloger qui réparait jusqu’à présent principalement les horloges, tandis que maintenant j’avais devant moi une fine montre suisse d’un mécanisme minuscule. Comment accommoder mon corps, mon souffle, mes gestes et mon hara ?
Je remarque que le gros intestin et le poumon sont en jitsu et la vessie en kyo.
Je commence donc par des pressions des doigts sur son dos mais dans un certain rythme assez rapide et presque monotone. Je dirais que mon rythme suivait sa respiration. Cette stratégie marche, apparemment Sacha devient curieux et il « écoute » ce qui se passe.
Je m’attarde bien sur son sacrum et les hanches, ainsi que sur les pieds que je masse en appuyé. Le jitsu du poumon qui se situe au niveau du cou ( C1, C2 et C3) commence à se détendre mais pas totalement. Je travaille ensuite sur ses bras, les deux bras ensemble.
Je demande à la maman de poser sa main sur le ventre de Sacha et d’observer les changements.

« Ca gargouille » me dit elle; « Et ça devient plus mou ». C’est un très bon signe.

Nous écoutons toutes les deux la satisfaction de ce petit bonhomme et son soulagement quand il se débarrasse des boules d’air dans son ventre. Il nous sourit. Je demande à la mère de lui tenir bien fermement les pieds et de s’imaginer qu’elle peut transmettre son Ki par ses mains à travers les pieds de Sacha. Elle dit qu’elle sent comme la chaleur monte dans ses mains.
Une découverte pour elle.
Une très belle expérience pour moi, un bébé endormi, je peux partir.

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